Commémoration du 15 mai 2008

Discours à l’occasion de la commémoration du 30e anniversaire de l’opération « Red Bean » à Kolwezi.

Messieurs les généraux, Mesdames, Messieurs, chers amis Para-Commandos et du 15e Wing.

A vous tous qui faites au Régiment le grand honneur d’assister à cette cérémonie du souvenir, du fond du cœur, un grand merci. Sachez que grande est ma joie de revoir aujourd’hui tellement d’amis.

Nous nous sommes réunis, non seulement pour nous souvenir de l’opération à Kolwezi, mais en même temps afin de rendre hommage et témoigner notre ultime respect à tous les Para-Commandos qui, au service de notre pays, ont perdu leur vie en Europe, en Afrique, et en Asie.

Les Para-Commandos n’oublient jamais ceux qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour accomplir une mission. C’est pourquoi ils n’oublieront jamais le caporal Giuseppe Digiaro, du peloton mortier du deuxième bataillon commando, qui a perdu la vie lors de l’opération à Kolwezi. Nos pensées vont à ses proches

Dans quelques instants, le Commandant du 15e Wing et madame Blume, le Commandant du Régiment, le Président de l’Amicale Nationale Para-Commando et moi-même, aurons l’honneur de déposer une couronne de fleurs auprès de la plaque commémorative qui avait été placée au Quartier Général du Régiment, jadis installé au quartier « de Hemptinne » à Heverlee. Il y est gravé : « En l’honneur des Para-Commando’s tombés en opérations humanitaires ». Ne les oublions pas !

Notre mission à Kolwezi consistait à libérer les otages des rebelles venus de l’Angola et d’assurer leur évacuation en sécurité. Il était plus que temps d’intervenir puisque le 18 mai 1978 les Para-Commandos découvrirent dans les rues de Kolwezi 44 corps de blancs (dont 28 dans une même maison) et 26 corps de Congolais. Grâce à la coopération parfaite du le 15e Wing cette opération permit à 2.300 personnes de quitter Kolwezi saines et sauves.

Maintes leçons sont à retirer de cette opération. Il me parait essentiel de mentionner particulièrement la capacité d’intervenir rapidement, tellement importante dans les missions humanitaires.

A titre d’exemple il me semble utile de donner quelques chiffres.


Le 17 mai à 0230 Hr est décidé l’envoi du Régiment à Kolwezi.
Le 18 mai, à 1315 Hr, soit à peine 35 heures plus tard, le premier C-130 décollait…

Dans cette intervention rapide, il s’agissait tout de même de 1.171 Para-Commandos, 18 jeeps radio avec remorques, 10 jeeps blindées, 12 véhicules légers AS24, 2 ambulances Unimog, 6 tonnes de munitions (dont celles pour mortiers), 23 tonnes de vivres, 34 tonnes d’eau (car il n’y avait pasd’eau potable à Kamina) et 3 tonnes de matériel médical.

Comment cette force a-t-elle pu être déployée à plusieurs milliers de kilomètres en 35 heures, soit en un jour et demi? La réponse est simple : grâce évidemment, à l’entière collaboration de la Force Terrestre et de la Force Aérienne mais surtout parce que le Quartier Général du Régiment pouvait donner ses ordres directement à ses unités sans échelons intermédiaires.

Si les autorités politiques et militaires veulent pouvoir disposer à l’avenir d’une unité opérationnelle à même de se déployer et d’intervenir dans de tels délais courts, elles doivent réaliser que ceci ne sera possible que grâce à un entraînement permanent et complexe sous une seule autorité, en l’occurrence le Régiment Para-Commando. Son esprit de corps - notre spirit - et sa cohésion font la force du Régiment. « L’union fait la force ».

A cet égard, j’estime qu’il est indispensable que l’on rende au Régiment, récemment amputé de toutes ses unités d’appui et de formation, au moins le commandement de ses deux centres d’entraînement, là où les hommes acquièrent les brevets qui en font des para-commando’s complets.
J’ose rêver et espérer que, bientôt, le recrutement et la formation des candidats paracommandos seront, à nouveau, confiés complètement au Régiment.

Et pour conclure, je voudrais rappeler aux Para-Commandos d’aujourd’hui, une citation de Guynemer, figure légendaire, « Il y a des limites aux forces humaines, des limites qu’on peut toujours dépasser ».

Para-Commandos, ceci s’applique totalement à vous !

Pour exécuter avec succès n’importe quelle mission, il faut le VOULOIR
mais, de surcroît, il vous faudra CONNAÎTRE, OSER et GAGNER.
Vouloir entreprendre ce qui paraît impossible,
Connaître votre job,
Oser l’exécuter au mieux
et avoir l’indomptable volonté de gagner.

Je vous remercie de votre attention.

H. Depoorter.
Lieutenant général e.r
Aide de camp Hre du Roi.
Commandant du Régiment 1976 -1978.